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14 novembre 2013

Nouvelle. Contest for.

Je me souvins avoir essayé de m'éveiller d'un long cauchemar, intense et dantesque. L'on me criait des choses incompréhensibles et tant lointaines, pourtant, mon esprit arrivait parfaitement à en déduire leurs significations. Je n'étais pas ce que je devais être présentement disaient-ils. D'une apparence douce et banale, il devait en être autrement pour moi. 
Je m’éveillai alors, aux premiers rayons apparents du soleil, à peine chaud, où la peau de mon corps essayait de quitter cette température polaire à laquelle elle s'était habituée durant la nuit.

L'hiver commençait à poindre lorsque mon père m'annonça que je devais, dès le printemps prochain, l'accompagné chasser. 
Contrairement à lui, je n'étais pas bien costaud, ni bien intelligent. J'étais pourvue de ce qui n'était pas une qualité aux yeux des hommes, mais des demoiselles plutôt, une sensibilité à l'affût, un regard différent sur les choses, un peu comme un rayon qui pouvait distingué des formes que personnes ne pouvaient voir. La chasse était pour moi, un jeu que les hommes s'étaient donné pour coutume de faire, mais dont la violence et la cruauté de leurs actes me rebutaient. Je ne pouvais cesser d'admirer mon père, pour sa rudesse, sa force de caractère et physique et surtout, son incroyable robustesse qui faisait deviner qu'il avait passé un stade supérieur de maturité. Sa voix, lorsqu'il parlait, n'inspirait qu'au respect et à la force des propos qu'il pouvait tenir. Ma voix fluette et oscillante n’incitait qu'à une écoute à peine attentive et convaincue de ce que je pouvais déclarer. 

Mon physique n'était en revanche, pas la réplique de celle de mon paternel, comme on pourrait se laisser le croire. Mon portrait était celui de ma mère, excepté pour les yeux. Mon corps frêle et doux reflétait mon esprit assez évasif et délicat, un gourmet eût pu me comparer à un gâteau à la pâte et à la garniture légère. 
Ce fut sans doute faute à mon apparence maternelle qu'il ne prenait plus réellement la peine de passer du temps à mes côtés.

Nous vivions désormais près d'un puits abandonné, dans une forêt isolé, loin de la ville et des citadins la peuplant. Nous avions déménagé suite au décès de ma mère. 
Je ne me souviens pas très distinctement de sa mort, mon esprit en effaça ce qu’il en avait distingué. Il ne me restait qu’à déplorer les quelques fresques de souvenirs qu’il m’avait épargné. Douloureuses et cruelles. Un sentiment étrange m'habitait depuis cette nuit-là, un sentiment qui ne me laissait jamais en paix. Une tourmente, des questions qui jamais, ne trouvèrent de réponses depuis.


Je ne m'hasardais pas plus à essayer de comprendre l'origine de ce mal être qui de plus en plus commençait à peser sur mes épaules et au creux de mon ventre. De peur d'en connaître la cause, je décidais de demeurer aveugle, du moins jusqu'à ce que je sente en moi le courage d'affronter cette abominable question qui me hantait. 

Aujourd'hui était un jour des plus banals. Mon père allait rentrer de la châsse et je devais couper le bois afin de nous réchauffer ou peut-être n’aurais-je pas à le faire. Mon humeur allait en décroissant. Au fur et à mesure que les jours passaient, ma solitude et l'absence de chaleur maternelle se faisaient de plus en plus pondéreuses. 
Quel effet cela faisait-il, d'avoir connu quelque chose de bon et doux, puis qu'il soit brutalement arraché, nous laissant encore son souvenir en mémoire et sa trace sur la peau, en demande d'une dose supplémentaire avant de soupirer et d'en mourir, délaissé de ces choses qui nous étaient chers et indispensables. L’absence de sa présence commençait à me peser et a laissé cette même sensation de manque qui peut nous tuer. Lorsque je perdis ma mère, je perdis pour ainsi dire aussi mon père.
L'unique présence des habitants de la forêt commençait à ne plus me combler à présent.

-Ethan ! 

La voix de mon père résonna dans la cabane, à ma recherche; Je vins immédiatement à sa rencontre, anxieux. 
Je fus toujours anxieux lorsque mon père me demanda de venir à lui, par crainte de sa colère, malgré sa douceur passé, et par anxiété de ce qu'il avait à m’annoncer.
 
-Ce soir nous aurons du lapin à cuisiner, me dit-il avec des yeux sombres, vides de sentiments quelconque

Déçu de son annonce, je pris le lapin par les pattes et m'enquis de le préparer en silence. Cela me rendait nauséeux de devoir les dépecés et faire cuire, eux qui ne m'apportent que réconfort et bons sentiments. Pourtant, si je ne le fis pas, ce ne serait que plus terrible encore. 

Nous mangeâmes lorsque tout fut enfin prêt, puis nous allâmes nous coucher sans prononcer un mot. 
Au lendemain, il partit encore très tôt de la cabane pour aller sans doute chasser. Il n'était pas étonnant qu'il fuie cet endroit, aussi lugubre que ce qu'un cimetière pourrait être, à mon avis. La seule et unique fois où nous rendîmes visite à Mère sur son lit de mort, le cimetière ne me paraissait pas plus sinistre que d'autres endroits que j'avais visité antérieurement. 
Cette nouvelle habitation où mon père nous exila en revanche, me parut le plus sombre. J'y sentais depuis notre arrivé un sentiment singulier, inconnu encore à mon expérience, quelque chose en dedans ne me rassurais guère. Une appréhension, que je n'arrivais à poser de mots dessus, quelque chose de malsain qui ne faisait que s'amplifier au fur et à mesure que mon sentiment d'abandon grandissait. 
Le puits sur le côté de la cabane renforçait un peu cette impression. Les infiniment grands et infiniment petits me donnaient un sentiment d'inconfort. Car l'on ne peut mesurer leurs étendues ou leurs grandeurs, ou par leurs petitesses, savoir si nous allions y survivre. Ce puit était insondable; lorsque je m'en approchais, son vide m'attirait et je me sens comme s'il allait m'emporter.

Cette nuit-ci, et toutes les autres qui ont suivis, je ne me sentis pas mieux. Le mois de janvier passa à pas timides, lorsque mon père me demanda de commencer à l'accompagné à la chasse. La rapidité de sa demande me surprenait.

La nuit était terriblement longue, froide et je me tenais éveiller de mes pensées fugaces et lourdes. Aucun remède n'allait apaiser mon mal cette nuit ci, tout comme les précédentes et de même, les prochaines. 
Je me sorti alors du lit. L'heure m'était inconnue, la température du sol était à l'égal de la température extérieure et intérieure à la cabane.

Autrement dit, peu importe où je pouvais me rendre, la température allait être la même. 
Je ne tâtonnai pas même les murs afin de pouvoir éviter les obstacles dans le noir, tant j'en connaissais ses astuces aveuglément. Je sorti alors sans bruit, dans la nuit où la brume s'étalait jusque dans les tréfonds de la forêt, où nul favoris ne poussaient son cri. 
C'était une nuit des plus discrètes où je me résignais à faire une ballade devant le puit et son seau à moitié écraser de rocailleuses lourdes. 
Le brouillard en animait un étrange phénomène, il me semblait presque gémir. 
L'insomnie qui m'attira jusqu'ici me forçait à me répéter sans cesse ces interrogations dont la réponse continuait à me fuir. La lune persistait à faire valoir sa beauté là, haute dans le ciel, cachée par quelques arbres hauts, insolents et jaloux.
 
Je m’assis sur le rebord du puits dont l’obscurité semblait engloutir le peu de lumière qui osait s’en approcher.
Mon corps aussi semblait subir une attraction vers ses abysses.  
Mon père, en rentrant pas plus tard qu’il y a deux jours, m’avait parlé de l’histoire de ce puit.
C’est, à ma mémoire, une des rares fois où il prit le temps de m’adresser plus de 3 mots ces dernières semaines. Il s’arrêta à mes cotés lorsque je restais observer un moment le puit, inconsciemment.

- Nous ne connaissons pas exactement l’histoire ni la date de construction de ce puit. Chaque personne ayant habité ici ont disparu parait-il. Nous ne savons ce qu’il est advenu des corps, pourtant, beaucoup supposèrent qu’ils furent emporté au fin fond de ce puit. Tu ne devrais pas t’attarder sur ces racontars.

Depuis ces explications quoi que brèves, je ne peux m’empêcher de penser à ce qu’il me dit. Nous étions éloignés de toutes civilisations, alors je ne pouvais étancher ma curiosité auprès de d’autres personnes alentours. A fortiori, nous étions les deux seuls personnes à moins de 5 miles alentours.
Je retournais me coucher, craignant quelque peu les cris qui annonçaient des bêtes et des prédateurs parfois féroces et affamés.
Mon lit, froid de mon absence, me donna un réconfort certain. Blotti et enveloppé dans une couverture de laine, je m’y enroulai et mes yeux clignèrent avant de s’enfoncés dans des rêves déjà oubliés.
Le lendemain matin, je ne fus pas réveillé par mon père, ce qui devint une habitude depuis notre déménagement. Il me laissait le soin de m’éveillé avec la chaleur du soleil par la fenêtre.

Alors, les jours passaient sans m'attendre, je m'oubliai moi même dans le cour du temps. Je restais souvent assis dans l'herbe, en bordure de la lisière de la forêt où certains animaux venaient me rendre visite, lorsqu'ils n'étaient pas effrayés par les bruits du canon du fusil de mon père qui crachait son plomb.

Alors, le temps passa. Les fleurs éclosèrent, les arbres reprirent leurs allures nobles et doux, aux teintes claires et chatoyantes. Mais rien en moi ne me donnait l'envie à rire, ni sourire, ni à un quelconque éclaircissement de mon moral.
Combien de temps devrais je à rester ici, couper du monde et me laissant mourir en cette césure..?
Je ne me retrouve nullement en tout ce qui m'entoure, et il serait bien curieux que je le soit un jour.

                                                                                                                                            

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