You're one of my kind

Je n'essayerai pas de passer par mille et un chemin pour vous dire ce que j'ai à décrire. Je le voyait, rouge et mauve, ce ciel d'une beauté figée. Je me souviens lorsqu'il y neigeait, sur le toit du monde, et le froid ne tenait pas mes pauvres doigts qui en cherchait ses trésors. 

Il y régnait une plénitude certaine, un peu trop rassurante pour être réelle, un temps éternel et pourtant qui coulait bel et bien. 

Je me décida à y tourner le dos, mais pas le coeur ni les yeux, trop attirés pour y résister. Je me contente d'observer ces bosquets de roses rouges ensanglantés et d'arpenter ces chemins tortueux parsemés de pétales jusqu'à y apercevoir l'obscurité et la folie. Et le cri. Le cri du désespoir qui résonnait, pas seulement en moi, mais dans tout le monde. Je ne saurai le dire, mais je crois que ce monde m'observe, je me sent observé derrière moi, devant, et tout autour sans que je puisse percevoir des yeux. C'est bien perturbant, et j'ai bien peur. Je me retourne sans arrêt, je ne suis pas en repos où que j'aille. Je peux m'arrêter ou courir, marcher ou dormir que je me sens traquée. Les oiseaux semblent bien maléfiques, les fleurs trop farouches, quand aux arbres, un peu sinistres et menacants. 

Pourtant, dans mon aventure, je me trouva près d'une table, où une tasse de thé était posé. La coupe est encore chaude, sans que ne puisse en distinguer son propriétaire. J'ai peur. De ce qui m'entoure, de ce que je connais, et ne connais pas. J'ai peur d'être seule et j'ai aussi peur d'être entourée. J'ai peur d'avancer, et je le suis encore plus de faire marche arrière. Et lorsque je regarde au ciel, lorsqu'avant je pouvais y voir l'espoir et l'avenir, le rêve et la mélancolie, je n'y voit que solitude et désappointement, le néant et le passé. Mes yeux ne reflètent plus que le vide, la peur et la froideur de ce qui m'entoure. Et j'ai peur, de demeurer ainsi, de ne plus avoir de lumière auquel me raccrocher, de ne plus refléter quoi que ce soit qu'une enveloppe vide et triste.